L’expérience utilisateur et le principe de réalité (augmentée)

Réalité augmentée Schneider Electric

Schneider Electric lance sur le marché une application mobile permettant de réaliser des opérations de maintenance plus rapides et plus fiables grâce à une technologie récente : la réalité augmentée.

Entretien avec Jonas Hoffmann, consultant en stratégie de l’innovation, et Florian Loeser, chargé d’étude chez Ixiade, qui accompagnent l’équipe en charge de ce projet avant-gardiste.

Réalité augmentée ou virtuelle ?

JH : Il s’agit de deux concepts tout à fait différents. La réalité virtuelle s’applique à recréer un environnement réel ou fictif à travers un outil de simulation (un casque par exemple). La réalité augmentée, elle, ajoute des informations en temps réel à notre perception “naturelle” de la réalité grâce à une tablette, un téléphone… Cette technologie participe de ce que l’on nomme “l’internet des objets” : une thématique considérée par beaucoup d’acteurs industriels comme un des champs d’innovation les plus large de notre époque. Comment, notamment, collecter et traiter des informations permettant d’augmenter la productivité ? Aujourd’hui, rares sont les entreprises capables de mettre en application cette technologie de manière efficace. À travers ce projet, nous avons eu la chance d’aider Schneider Electric à être pionnier dans le domaine de la réalité augmentée appliquée à l’industrie.

Comment s’est déroulé cet accompagnement ?

JH : Il y a quelques années nous avions déjà accompagné une première équipe d’innovation qui explorait les potentialités de la réalité augmentée. Nous avions alors réalisé les tests d’acceptabilité d’une solution prototypée de maintenance assistée par la réalité augmentée. Ces tests avaient été très positifs et encourageaient à poursuivre. Après des mois de développement, nous avons alors été à nouveau sollicités pour imaginer des « business models » potentiels. Pendant 6 mois, nous avons collaboré avec l’équipe en charge du positionnement de l’offre et de son lancement commercial. C’est ainsi que notre mission s’est déroulée en trois phases : Une première phase qualitative nous permettant de déterminer les piliers de la proposition de valeur, une deuxième phase quantitative permettant de déterminer le consentement à payer, enfin, une dernière phase d’élaboration de scénarii de « business models ». Pour la phase d’étude qualitative, nous avons mené des entretiens auprès de clients potentiels : des fabricants de machines et des industriels, utilisateurs finaux. Ce recueil d’information nous a permis d’identifier les valeurs associées à la réalité augmentée et de les hiérarchiser.

FL : La phase d’étude quantitative a été conduite auprès d’une cible élargie en France et aux États-Unis. Il s’agissait de “tester” ces valeurs grâce à la méthode KANO, mais aussi d’évaluer le consentement à payer. Il faut dire que Schneider Electric dispose d’une technologie nouvelle à fort potentiel, pour autant il ne s’agit pas de l’imposer. Nous avons cherché à  déterminer les besoins auxquels celle-ci est capable de répondre. La hiérarchisation des valeurs nous a permis de déterminer quels aspects techniques il fallait améliorer ou bien ce qu’il paraissait important de mettre en avant en vue du positionnement de l’offre.

JH : Dans la troisième phase, nous avons élaboré différents scénarios de « business model » pour différents segments de marché. Au final, un des résultats majeur de ces 6 mois de collaboration a été de formuler l’expression d’une offre claire et compréhensible s’appuyant sur des valeurs ciblées et un « business model » porteur.

Quelle est la valeur apportée par Ixiade dans ce type de démarche ?

JH : A l’exception du design, nous avons mis l’ensemble de nos compétences au service de ce projet. Bien-sûr, nous concentrons notre expertise sur les besoins du client final. Ensuite, nous pratiquons un accompagnement qui va de l’exploration des valeurs jusqu’à la définition du modèle économique. Notre démarche méthodologique prend son sens dans une relation d’ensemble et, bien souvent, le tout devient plus que la somme des parties. Par ailleurs, nous avons une bonne connaissance des métiers de notre client, de leurs enjeux, de leurs problématiques. Sur un autre sujet, il y a un peu plus de 3 ans, nous travaillions avec la même équipe sur une application qui avait vocation à être gratuite ou en tout cas à un prix réduit. L’étude que nous avons menée a permis de montrer que le bon prix se situait plutôt autour de 200€ ! Un prix trop faible aurait sans aucun doute décrédibilisé le produit…

Quelles leçons tirez-vous de cette expérience ?

FL : Il existait un paradoxe apparent dans la démarche. Nous concevions un outil de réalité augmentée censé améliorer la productivité des entreprises et faciliter le travail des employés. Mais dans le même temps, cet outil aurait pu faire disparaître certains métiers ou en tous cas certaines pratiques professionnelles dans le domaine de la maintenance industrielle. Ici se situe, je crois, l’intérêt de notre travail d’exploration des valeurs. Il s’agit de mettre en lumière le lien entre désir des utilisateurs et caractéristiques du produit… et fonder le développement dudit produit ou service sur ce lien.

JH : Il est aussi nécessaire de savoir s’adapter ! Aucun projet n’est le même et il faut que nous soyons en permanence en capacité d’anticiper les usages du futur. Nous collaborons avec  nos clients pour inventer demain : nous imaginons les marchés, les usages… à travers la fenêtre de leurs métiers. 

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